À votre âge, madame c’est normal!
Cette petite phrase qui semble si anodine, « À votre âge madame, c’est normal! » a des conséquences énormes dont le vieillissement est perçu dans notre société et comment cela va affecter la façon dont on se perçoit.
Aurions-nous un délai de péremption quand nous vieillissons?
Bien sûr, vieillir comporte son lot de transformations et de changements. Loin de moi l’idée de faire de la négation.
J’aimerais porter votre attention sur le rapport de l’organisation mondiale de la santé à propos de l’âgisme et de ses conséquences, paru en 2021.
L’âgisme se définit par des stéréotypes, des affects négatifs et de la discrimination en fonction de l’âge qui a des incidences dans les politiques, les interactions et la perception que l’on a de soi-même en vieillissant.
Pour illustrer mon propos, laissez-moi partager une expérience personnelle.
Je viens de terminer aux États-Unis ma formation comme éducatrice somatique de la méthode Feldenkrais. Lors de la clôture du training, les formateurs nous ont demandé d’exprimer notre expérience. Ce qui m’est venu est le mot espoir.
Pourquoi espoir?
Quand j’ai démarré le programme de 2 ans, j’avais 67 ans. Évoluant dans le mieux de l’éducation somatique depuis au moins quatre décennies, je bougeais avec pas mal de facilité dans de nombreuses situations.
Toutefois je devais constater que certaines limitations s’étaient installées au fil du temps surtout au niveau de la mobilité de mes genoux.
Par exemple, je ne pouvais plus me mettre à genoux. Me mettre à 4 pattes était impossible.
Au cours de la formation, nombreuses alternatives adaptatives m’ont été suggérées, telles que faire des mouvements debout les mains posées sur une chaise.
J’ai également consulté un specialiste. Je conseille toujours à ma clientèle de demander un avis médical en premier lieu.
Le diagnostic de l’orthopédiste est tombé : « madame à votre âge c’est normal de faire de l’arthrose, je peux vous faire une injection de cortisone, il ne faut pas plaisanter avec les genoux ».
J’ai refusé l’injection!
Je n’ai rien contre la cortisone. J’ai vu de nombreuses personnes améliorer leur condition avec ce genre de traitement.
Par contre j’avais conscience que ce diagnostic, venait de poser une l’étiquette sur mon front de femme vieillissante qui pouvait déterminer le déclin de ma mobilité.
Et ça il n’en était pas question.
Je savais que l’impact d’un diagnostic est immense. En quarante ans de pratique, je l’ai souvent constaté dans mon environnement et dans ma clientèle.
Je reconnais la nécessité d’avoir un diagnostic qui peut rassurer parfois. Toutefois l’étiquette associée au vieillissement qui vient avec risque de nous enfermer dans une spirale du rétrécissement et de perte de mobilité et une perception de soi diminuée.
Pour moi, tant que je n’avais pas expérimenté d’autres options, il n’était pas question de recevoir une injection de cortisone.
Certes, j’avais eu des chirurgies et des accidents qui pouvaient expliquer ces difficultés fonctionnelles de mes genoux. Mais c’est surtout la prise de conscience de la façon dont je m’utilisais au quotidien, et la prise de conscience de toutes les compensations qui ont fait une différence.
Retrouver la mobilité dans mes pieds suite à des vieilles entorses, explorer les multiples mobilités du bassin, harmoniser ces mobilités avec celles des épaules, de la tête, de la colonne vertébrale. À ce stade-ci, il me parait important de rappeler que notre cerveau est plastique et capable de réorganiser ses connections neuronales en fonction de nos expériences. Donc prendre conscience de mes habitudes et explorer globalement d’autres façons de bouger et de m’utiliser m’a mise sur le chemin d’une meilleure organisation de moi-même au service de cette formidable récupération neuro-motrice de mes genoux et plus globalement une meilleure perception de moi-même.
Lors de la fin de notre formation, nous avons fêté.
Alors que j’étais en train de danser le Charleston, une des formatrices, est venue me glisser à l’oreille. « tes genoux n’ont plus de problèmes! ». Elle avait raison. J’avais retrouvé ma liberté de bouger. IIs étaient redevenus mes amis, à mon service pour faire ce que je voulais.
Mais je sais que je vais continuer à faire régulièrement mes séances et explorations somatiques pour maintenir et entretenir ce plaisir de bouger afin de continuer à avancer en âge sans perdre ma mobilité.
Qu’en pensez-vous?
Si cette aventure vous tente, venez participer à cette journée Vieillir sans rétrécir du 30 Juin à Montreal.
Pour en savoir plus https://www.vieillirsansretrecir.com/journee-vsr-du-30-juin/
A propos de l'auteure
Je suis Claudie Pfeifer, éducatrice somatique, conférencière. Fondatrice du studio en ligne “vieillirsansretrecir.com”. Auteure du livre « Vivre en forme sans violence, les micro-mouvements pour bouger au quotidien ». A fondé et dirigé le Centre emballons-nous à Montreal pendant 15 ans. Depuis 1972, ma passion est d’accompagner des femmes et des hommes à prendre conscience de leur corps et retrouver la fluidité dans les mouvements de la vie quotidienne pour renforcer l’estime de soi et rayonner dans le monde jusqu’à un âge avancé.